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Sheller raconte William

StylusNul n’est à l’abri du pétage de plombs, du nervous breakdown comme dirait Audiard. Même les artistes les plus respectés. William Sheller est passé par là. Signes précurseurs, problèmes de santé, lassitude d’une vie qui ne s’arrête pas, sentiment d’être réduit à une seule chanson (c’est le privilège des plus grands), puis le néant, puis la renaissance. Sans pathos ni plainte, Sheller se livre longuement. C’est Françoise Hardy qui a lu son manuscrit et l’a mis en relation avec les Éditions Équateurs. William, le titre de l’ouvrage, reflète à lui seul le ton donné dans l’écriture. Nous connaissions déjà le talent de Sheller pour les images, les métaphores, les ambiances, les climats. C’est un écrivain que nous découvrons par son récit, bien plus qu’une autobiographie.

Équateurs_William_Couv.inddD’ailleurs, on pourrait croire qu’un chanteur devrait surtout parler de ses chansons, de ses rencontres, de ses influences, de ses inimitiés peut-être. Mais il suffit de relire les interviews pour se rendre compte que tout a déjà été dit et écrit. Ici, il est surtout question du bonhomme, comme il le dit lui-même, très peu de sa carrière. Il y raconte, au sens premier du terme, son enfance entre la France et les Etats-Unis, son père biologique (un GI qui a participé au Débarquement) révélé par sa mère sur son lit de mort, son apprentissage de la musique et du piano avec Yves Margat (élève de Fauré), ses amours masculines et féminines, ses excès de drogues et d’alcool, ses références musicales (Fauré, Debussy, Wagner, Beethoven, Brassens et bien sûr les Beatles). Plutôt qu’une succession d’anecdotes croustillantes ou mesquines sur ses pairs, il parle de ses amis et de ses rencontres. A commencer par Barbara, bien sûr, avec qui il collabore pour le superbe album La louve (aux textes signés François Wertheimer) et qui l’encourage à chanter : L’enfant laboureur, Marienbad… On y croise également Catherine Lara, Patrick Juvet, Nicoletta, Joe Dassin, Carlos, Serge Gainsbourg, Michel Jonasz, Michel Delpech, Jean-Jacques Goldman, Jean-Claude Casadesus, Marie-Paule Belle, Annie Girardot, Micheline Dax. Autant d’univers différents que Sheller a explorés dans sa vie personnelle comme dans sa musique. Il dévoile quelques histoires cachées derrière les chansons, comme Symphoman ou Les petites filles modèles. Contraint de chanter seul au piano, il se découvre interprète et cette manière épurée de chanter ouvre certainement la voie aux Vincent Delerm, Jeanne Cherhal, qu’il aime beaucoup. Il n’a d’ailleurs pas fini de se raconter, comme il le répète dans plusieurs entretiens à l’occasion de la sortie de ce livre, car il explique qu’il y aura sûrement un deuxième tome. Toute une vie rassemblée en 489 pages, captivantes, joliment écrites avec pudeur mais beaucoup d’humour. Sheller s’amuse de son image de chanteur triste, lui qui a une vie de bon vivant !

William est un ouvrage qui donne envie de réécouter Sheller, mais pas les tubes toujours diffusés à la radio (Un homme heureux, Rosanna Banana, Comme dans un vieux rock n’roll, Rock’n dollars…). J’ai un faible pour To you, Les machines absurdes, Photos souvenirs (inspirée par le phrasé de Véronique Sanson), Nicolas bien sûr et surtout Basket Ball.

 

William, par William Sheller, Éditions Équateurs, 2021, 489 pages, 23 €. Pour le commander, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de William Sheller, c’est là 

« Basket Ball » : Image de prévisualisation YouTube

« Les filles de l’aurore » : Image de prévisualisation YouTube

2 Réponses à Sheller raconte William

  1. LAFFAILLE Gilbert 9 avril 2021 à 10 h 33 min

    Bel article, cher Nicolas! Cela donne envie de lire ce livre. J’ai plusieurs fois croisé William Sheller mais comme il est très discret et que je suis assez réservé… les rencontres n’ont pas donné lieu à des embrassades et des explosions de rires avec tapes dans le dos! Pourtant j’aime beaucoup Sheller, j’achèterai donc « William ».

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  2. François 18 avril 2021 à 7 h 40 min

    Il y a quelques pages sur les mystères et les arcanes de la composition musicale qui sont assez fouillées, mais peu de choses sur l’écriture des textes, sauf sur quelques chansons (« Je m’gênerait pas pour dire que j’t'aime encore » par exemple) dont on comprend à qui elles sont destinées. Livre passionnant qui donne furieusement envie de réécouter tous les disques au fur et à mesure de leur apparition dans le récit !

    Répondre

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