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Daraquy, par qui revit Gaston Couté

Bruno Daraquy, à La Dérive (photo MK)

Bruno Daraquy, à La Dérive (photo MK)

19 octobre 2023, La Dérive, Saint-Étienne,

 

« Paysans dont la simple histoire / Chante en nos coeurs et nos cerveaux / L’exquise douceur de la Loire / Et la bonté des vins nouveaux / Allons-nous, esclaves placides / Dans un sillon où le sang luit / Rester à piétiner au bruit / Des Marseillaises fratricides ? / En route ! Allons les gâs ! Jetons nos vieux sabots / Marchons / Marchons / En des sillons plus larges et plus beaux ! »

Depuis bien quarante et quelques années, on ne compte plus les reprises de Gaston Couté et les récitals, toujours passionnants, qui en découlent. Gérard Pierron, Bernard Meulien, Vania Adrien Sens, Claude Antonini, Marc Robine… ils sont légion ces repreneurs, plus encore maintenant, de ce poète beauceron. Poète, mort en 1911 à pas même trente et un ans, qui a beau être écarté, ignoré des anthologies et dictionnaires, la chanson tient plus que jamais et avec raison pour le grand auteur qu’il est, dont les rimes sont d’une actualité chaque jour plus criante.

Même s’il reviendra prochainement à une formule plus « chanson » sur Couté avec à ses côtés deux musiciens, Bruno Daraquy tourne actuellement avec un spectacle qui tient tant du chansonnier que du conférencier, en solo, qui plus est a cappella. Il nous narre le court parcours de Couté, des bancs de la communale aux planches de son cercueil. Je veux bien admettre que c’est une conférence, mais alors on a jamais vu un tel conférencier, acteur de surcroît, si passionnant, illustrant en abondance son propos de textes du poète anarchiste patoisant, les disant, parfois les chantant. La chronologie est respectée, tapissée de vers qui grouillent, d’amours tarifés, de longs parcours à pieds, de cette maréchaussée qui suspecte la moindre chanson, traque le moindre écart, de ces cabarets parisiens, de misère et de faim, des cachets noyés dans l’absinthe, des jours de lessive qui nettoient tant les fripes que le corps et l’esprit.

(dessin Joblin)

(dessin Joblin)

Daraquy, qui auparavant avait mis en scène et en chansons les poèmes de François Villon, autre poète interlope, est effectivement acteur et ça se sent, ça se voit. Tout en lui, son visage, son regard, son corps vivent le poésie de Couté, jusqu’au bout des bras qui se projettent en d’élégantes ombres sur la mur blanc, théâtre des faits et gestes. Il trébuche, se révolte, brocarde, s’attendrit : il est la personnification de l’anar poète, qui plus est ici, à La Dérive, lieu associatif où l’idée d’anarchie n’est pas étrangère.

Daraquy fait collier d’interprétation superbes, de grands textes : Les Conscrits, Môssieu Imbu, Les Gourgandines, Les Électeurs (ah, ces « aveugles [qui] se chamaillent à propos des couleurs » !). Pour ceux qui savent Couté, ce sont savoureuses retrouvailles ; pour les autres, c’est un choc comme à chaque fois qu’on rencontre un géant, un titan, un de nos plus grands auteurs. Avec, souvent, ce « joli patois de chez nous / Est très doux / Et mon oreille aime à l’entendre… »).

 

Bruno Daraquy. Ce vendredi 20 octobre 2023 à Saint-Bonnet-le-Château en concert privé ; samedi 21 à La Maison Mémérou à Saint-Paul-en-Cornillon, 42 (réservations au 07.66.54.64.13). Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Bruno Daraquy, c’est ici : et de Gaston Couté, c’est là.

Rappelons que le premier volume de la Collection NosEnchanteurs, paru au printemps 2022, fut consacré à Gaston Couté, double CD avec notamment Bruno Daraquy, Laurent Berger, Yves Jamait, Frédérique, Rémo Gary, Loïc Lantoine, Gérard Pierron, Gabriel Yacoub, Coko, Entre 2 Caisses…

« Le Gas qu’à mal tourné » : Image de prévisualisation YouTube

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