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Camille, oh que oui !

500x5005ème disque-studio pour Camille. En quinze ans (son Sac des filles date déjà de 2002), la belle a creusé son trou et fait éclater au grand jour son talent unique. Au point de devenir l’icône d’une certaine bobo-branchitude tendance Inrocks. Une image qui risque malheureusement d’éloigner d’elle les amateurs de chansons rétifs au matraquage du bon goût parisien. Et pourtant…

Son nouveau CD gagnera probablement la palme du titre le plus court, puisqu’il s’intitule OUÏ. Avec un tréma sur le i. Participe passé du verbe « ouïr ». Titre laconique mais parfait manifeste de l’œuvre, qui doit être écoutée et ressentie avant tout, en abandonnant toute velléité de compréhension immédiate.

Ouï est un disque unique. Une expérience sonore, qu’on dirait proche de la transe si la douceur ne prédominait pas. Le sens des paroles nous échappe de prime abord, mais certainement pas leur musicalité. Tout n’est qu’assonances et allitérations, formant un flot continu qui vous enveloppe tel un cocon protecteur. On s’abandonne et c’est bon. « Lasso / S’il est lasse s’il est salop / Lance l’SOS l’assaut / Hisse-le au ciel / L’as haut / Et le sot l’y laisse ». Portés par la voix d’ange de la chanteuse, les mots simples et sensuels s’insinuent, se glissent et s’associent. Sans coup férir. Sans coup fourré. « Sous le sable enseveli / Sous le sable enseveli l’or / Enseveli sous le / L’or enseveli sous le sable ».

Aux paroles sonnantes et trébuchantes répondent les rythmes de la vie. Construites telles des pulsations, les musiques ont cet aspect tribal des cadences primitives. L’orchestration se fonde essentiellement sur les percussions, discrètement soulignées parfois par une ligne de synthé, tandis qu’à la voix de Camille - Dieu quelle technique ! – viennent s’adjoindre des chœurs (lyriques ou rythmiques). Battements et voix. La base de tout chant, somme toute.

Plus tard, livret à la main, on pourra à loisir décortiquer les textes et mieux en comprendre la teneur : hommage à son père disparu (« Fille à papa / File là-haut ta fille ici-bas / Est devenue femme, papa »), hymne écologique (« Si tu plantes un Twix dans la terre / Il ne poussera rien que la poussière / Si tu plantes une pomme dans la terre / Elle nourrira la terre entière »), confession érotique (« Et voilà que je fais / Une fontaine de lui / Et voilà que je suis / Une fontaine de lait »)… Mais en l’occurence, qu’importe le sens pourvu qu’on ait le son !

Disque aventureux, d’une innocence extrême dans sa facture (mais chacun sait combien il est compliqué de faire simple) tout en étant d’une immense ambition artistique, Ouï frappera au cœur les âmes désireuses d’expérience sensorielle et prêtes à se laisser emporter. Osez Camille, rien ne s’oppose à la vie.

 

Camille, Ouï, BeCause 2017. Le site de Camille, c’est ici. En concert aux Vieilles Charrues le 11 juillet, aux Francofolies de La Rochelle le 14 juillet, aux Nuits de Fourvière le 20 juillet. Image de prévisualisation YouTube

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