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Louis Capart, la presque anthologie

Il est un de ces bardes bretons comme le fut Glenmor, comme l’est Gilles Servat, connu dans ses celtes contrées et à l’étranger mais paradoxalement peu à l’intérieur des terres hexagonales. C’est vrai que Louis Capart a commencé sur le tard, à trente-cinq ans ; c’est vrai que dès son premier album il s’est autoproduit, d’emblée à la marge du métier, par intuition… Capart nous fait le coup d’une moitié d’intégrale, histoire de mettre pour un temps ses chansons d’anthologie à l’abri du silence, de l’oubli, pour que, hors la scène, elles vivent encore et se transmettent. On ne peut qu’applaudir. Quatre albums (Marie-Jeanne Gabrielle, 1982 ; Floraison, 1984 ; Patience, 1986 ; Berlin, 1992) composent ce double disque avec, excusez du peu, un grand prix de l’Académie du disque Charles-Cros et Prix de la Sacem, et cette chanson-phare de l’identité bretonne qu’est Marie-Jeanne-Gabrielle, si célèbre qu’on peut parfois la croire issue d’un lointain passé, de la tradition, qu’on ne compte plus le nombre de ses reprises : « Marie-Jeanne Gabrielle / Entre la mer et le ciel / Battu par tous les vents / Au raz de l’océan / Ton pays s’est endormi / Sur de belles légendes / Illuminant son histoire / Gravées dans la mémoire / Des femmes qui attendent / Les marins d’Ile de Sein. » De cette quarantaine de titres ressort plus encore que d’habitude l’idée et la réalité de cette île de Sein, oh combien nourricière pour Capart. Une île qu’il s’en va même rapprocher de Berlin, île terrestre, comme les jumeler : « Laissez-moi rêver d’une île à l’autre cette idée / Qu’entre ces deux points les frontièr’s se sont envolées » (Berlin). À l’écoute de cette production, de cette moitié d’œuvre, on sait pourquoi on aime cette chanson, pourquoi on aime LA chanson. Qui est à la fois repos de l’âme, beauté, intelligence et questionnement, sérénité et colère. La voix de Louis Capart est pure et épure : rien de trop, pas de tape à l’œil, d’œillade aux tympans. Seulement des vers portés par de jolies notes, un sens évident de la mélodie, des phrases qui portent déjà en elles une étonnante musicalité. Des portées qui peuvent s’écouter sans mots ; des rimes qui peuvent s’affranchir de notes aussi. Mais qui, unies, retrouvent l’alchimie de chansons éternelles, hors toutes modes, faites pour défier le temps.

Louis Capart, Premières chansons – L’intégrale, 2010, autoproduit/distribution Keltia Musique. Le site de Louis Capart. (Ce billet est la version augmentée d’une chronique discographique parue il y a quelques mois sur le Thou’Chant). Lire aussi sur NosEnchanteurs : « Capart, cas particulier ».

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