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Leprest sur écran panoramique

Il y a à peine deux semaines, NosEnchanteurs présentait en exclusivité le « Leprest Symphonique » qui sort ce 5 décembre dans les bacs. Retour sur événement et critique du nouvel opus.

Allain Leprest (photo DR)

C’est Leprest, avec une voix qui accuse le coup, qui sait déjà ce qu’elle a perdu. Mais une voix majeure, impressionnante à plus d’un titre, d’un jeune doyen qui domine son art. On ne trouvera pas ici d’inédits, tant il est vrai qu’on n’en offre rarement à un tel projet. De toutes façons, Leprest, trop partageur, les a déjà donnés aux copains, ventilés comme la dame de chez Larousse qui souffle et puis pffft… Là, l’Allain confronte quelques-uns de ses classiques à une autre dimension encore : au symphonique. Dialogue virtuel quand on sait qu’il a enregistré sa voix seul, dans l’attente que vienne l’orchestre. L’Orchestre est arrivé et Leprest n’était pas là, n’était plus là, pour serrer la pogne aux musiciens, pour les biser, leur passer le témoin. Un contretemps, un incident de la vie, drôle d’hymen vraiment où on se passe la corde au cou.
Et les cordes de presque pleurer, violons et violoncelles, contrebasses, à caresser ses mots de leurs notes graciles. Et les notes de se la jouer grand écran, en technicolor. Elles font leur cinoche et on s’aperçoit à quel point les mots de Leprest ont fécondé la pellicule d’un imaginaire bien réel. Ça commence par Il pleut sur la mer et l’orchestre est la mer. Mer calme, parfois agité, tumultueuse, qui baignera toutes les plages de ce disque. Vagues de musique, toute la mélancolie d’une eau banale cinglée de pluie.
Le Symphonique fait beau costume à Leprest. Mais posthume et certains textes se lisent désormais différemment : « Sans t’avouer que je me manque / Donnes-moi de mes nouvelles / Dis-moi dans quel port se planque / La barque de ma cervelle (…) Comment vis-je, comment vais-je ? » Il gonfle d’importance l’humble propos, lui ouvre des perspectives jusqu’alors inconnues, gagne d’autres reliefs encore, rêve d’Himalayas.
La faucheuse semblait pressée qui avait fixé son rendez-vous et Leprest n’a pas fini le travail. Des copains, des collègues sont depuis venus : Jehan, Christophe, Kent, Daniel Lavoie, Enzo Enzo, Sanseverino. A chacun ce devoir de mémoire.
Et puis le pote Romain Didier, s’en vient valser avec Allain sur la dernière plage. Me vient cette image d’Il était une fois en Amérique, ce palace sur la plage, hors saison, et Noodles et Deborah, tournoyant sur la piste de danse, hors-saison, horizon amoureux incertain, promesse d’un bonheur improbable, le malheur qui s’en vient… Une valse pour rien, dernier tour de piste.
Cet opus symphonique réinvente Leprest, en taille d’autres facettes, nourrira la légende. Sa sortie est effectivement le plus bel hommage qui soit.

Allain Leprest, Leprest Symphonique, 2011, Tacet/L’Autre Distribution.

Ecouter « Sous le soleil exactement » de Serge Levaillant sur France-Inter spécial Leprest du 7 décembre 2011 (écoutable jusqu’au 14 janvier, mais on peut aussi la podacster pour la garder indéfiniment)

19 Réponses à Leprest sur écran panoramique

  1. Norbert Gabriel 27 novembre 2011 à 18 h 26 min

    C’est un peu comme les albums « Chez Leprest » on redécouvre ce qu’on croyait connaitre par coeur … Juste quelques mots, vivement le 7 Décembre !

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  2. Arthur Rainbow 27 novembre 2011 à 19 h 18 min

    Excusez ma naïveté, mais est-ce que le titre est à prendre au sérieux ? Y aura-t-il quelque part des vidéos (panoramique?) d’Allain Leprest ?

    J’ai hâte d’avoir le cd en tout cas.

    Réponse : Non, pas de vidéo panoramique : le titre n’est que pure poésie, Arthur. Le disque sort le 5 décembre. MK

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  3. francishebert 27 novembre 2011 à 20 h 49 min

    Ça semble pas mal, mais rien ne pourra battre les versions originales de Voce a mano.

    Et puis ça doit être bizarre de faire des voix «dans le vide» et qu’un orchestre vienne après coup, non ?

    Quand vous dites Christophe, c’est celui des mots bleus ou un autre ?

    Réponse : Celui des Mots bleus et des Marionnettes, Francis ! MK

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  4. francishebert 27 novembre 2011 à 21 h 33 min

    Personnellement, je préfère le Christophe de Comm’ si la terre penchait.

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  5. Eliane BONUFASSI 27 novembre 2011 à 22 h 45 min

    Où pourra t on se procurer le CD ?
    Pour ma part, pas besoin de Le voir sur scène pour pleurer. C’est beau c’est beau, pourquoi c’est comme cela ?
    Et pendant ce temps là les chants « drukérisent », les Gérard’s « lenormandisent », les Huue’s…

    Réponse : On devrait pouvoir se le procurer chez tous les disquaires et autres grandes surfaces telles les Espaces culturels Leclercs. On peut aussi le commander sur le net…

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  6. AMSALLEM Elisa 27 novembre 2011 à 23 h 42 min

    Le CD d Allain est somptueux de vérité, d’humanité, de générosité.
    Les arrangements de Romain sont magnifiques.
    Le sifflement d’Allain sur la Gitane, les interprétations de ses amis, la voix de Romain et d ‘Allain sur « Une valse pour rien » , bref , tout l’album m’envahit, me bouleverse d’amour….
    Oui, Allain, tu peux être fier….Moi, je suis fière de t’avoir connu, accompagné, accueilli au P’tit Ouest….Et notre projet?….
    On t’aimera toujours.
    Elisa

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  7. Halimi Franck 28 novembre 2011 à 6 h 52 min

    J’attends avec patience cet opus intrigant. On savait déjà que l’œuvre de Leprest tenait le choc en étant « nue ». C’est pourquoi, l’idée de la « découvrir » (« recouvrir » eût été en l’occurrence plus juste) avec des habits d’apparat me titille. De toute façon, désormais, je sais que lorsque Tacet est dans le coup, eh ben moi, j’achète.

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  8. Roland 28 novembre 2011 à 17 h 24 min

    Il a été fait mention de la sortie de cet album hier en conclusion d’un somptueux concert « Couleur Leprest », initié par Chants Sons à la Roche sur Yon. Autour de Jehan, maître de cérémonie, étaient réunis des intimes d’Allain Leprest, à savoir, la toujours jeune et pleine de fougue Francesca Solleville, Gérard Pierron, Pierre-Paul Danzin jeune interprète limougeaud venu livrer « des créations faites à la main il y a peu avec Leprest ». Et puis encore Hélène Maurice, présente dans le public, et invitée sur scène. Des interprétations sublimées par le piano de Nathalie Fortin et l’accordéon de Lionel Suarez.
    Une création qui ne peut rester sans suite. Avis aux amateurs !

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  9. Boulais 28 novembre 2011 à 17 h 54 min

    Emouvant, beau chialant aussi, pour moi !

    Hervé

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  10. BdP 28 novembre 2011 à 22 h 55 min

    Le CD en commande sur le site tacet.fr dans la semaine

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  11. Odile 29 novembre 2011 à 8 h 29 min

    C’est magnifique, quel riche idée cet orchestre symphonique !
    Un beau cadeau de Noël…
    Je l’attend avec impatience.

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  12. Landrain 30 novembre 2011 à 18 h 52 min

    Avec Romain aux arrangements, on est tranquilles, Alain sera bien présent, là, avec ses amis. Et l’émotion sera débordante, je le sais déjà.

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  13. FROIDUROT Françoise 1 décembre 2011 à 10 h 02 min

    A peine inscrite sur le site et vous me faites déjà pleurer, très fort !!!

    J’ai vu sur le mur du studio « la note bleue ».
    Est-ce bien là qu’Yvan Cassar a enregistré le dernier opus de Claude Nougaro ?

    Réponse : Eh ben je ne sais pas. Si un lecteur peut vous apporter le réponse, qu’il se manifeste. Ceci dit, bienvenue sur ce blog que je vous invite à partager avec le maximum de gens. NosEnchanteurs n’a pas particulièrement pour vocation de faire pleurer ses lecteurs, mais… J’espère que ce blog tient plus du mouchoir de soie que du kleenex. A bientôt, Françoise. MK

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  14. Vanina Michel 1 décembre 2011 à 22 h 30 min

    tout est dit … Merci … »notre poète est sur orbite »

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  15. Bernard Joyet 3 décembre 2011 à 13 h 32 min

    On peut ajouter à ce très bel article un petite information : Allain à enregistré sa voix, guidé au piano par Nathalie Miravette, avant le magnifique travail d’orchestration effectué par Romain Didier. Le piano d’origine a été remplacé par l’orchestre. Chacun comprendra qu’on ne peut enregistrer une voix sans un support musical, et je tenais à souligner le travail « dans l’ombre » de Nathalie.
    Plus précisément, ce sont Romain et Nathalie qui ont guidé Allain lors de l’enregistrement de sa voix.

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  16. Michèle Bagnier 11 décembre 2011 à 10 h 03 min

    Un excellent album postume d’un Leprest qui nous a laissé de magnifiques chansons.

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  17. patrickclemence 28 décembre 2011 à 23 h 00 min

    Je viens d’avoir le cd. Je trouve cela ridicule ! On se croirait chez Chancel. Plus y »a de violons mieux c’est ! Ca ne colle pas du tout avec la voix, les textes le personnage de Leprest. Ca date énormément ! Encore le p’tit commerce quoi !

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  18. AMSALLEM Elisa 28 décembre 2011 à 23 h 25 min

    Ridicule?…..Moi, je le trouve somptueux, l’écoute en boucle.
    RESPECT au travail grandiose de Romain, Nathalie…
    RESPECT à l’oeuvre et à la générosité d ALLAIN qui le voulait ce disque là. Il peut en être fier!

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  19. Marcello 31 décembre 2011 à 14 h 32 min

    Je comprends à la fois la réaction agacée de Patrick dans son commentaire ci-dessus et l’ensemble des éloges qui saluent l’hommage au poète. Mes impressions sont plus mitigées, c’est sans doute mon côté normand…

    Les trois premières écoutes n’ont été qu’émotion, j’ai dû faire un effort pour essayer d’avoir un avis le plus objectif possible.
    Si l’orchestre symphonique convient bien à la poésie lyrique (Il pleut sur la mer, Où vont les chevaux quand ils dorment, Martainville, D’Osaka à Tokyo, Good bye Gagarine), il étouffe par contre la chanson cri (Donne-moi de mes nouvelles, C’est peut-être) ou aurait pu étouffer la chanson coup de poing (SDF).

    J’habite la côte normande chantée par Allain et l’abondance instrumentale m’a fait ressentir les variations de couleurs tristes ou nostalgiques qui peignent la Manche quand « Il pleut sur la mer ».
    Malgré le pathos lié aux circonstances qui ont amené la conception de cet
    album, « Donne-moi de mes nouvelles » noyée dans un flot musical manquant de relief ne m’a pris aux tripes comme je m’y attendais. Je la préfère chantée dans un environnement musical plus sobre.
    « Le temps de finir la bouteille » a suffi à Jehan pour redonner force à ce superbe texte qu’Alexis HK (que j’aime beaucoup par ailleurs) avait
    éteint chez Leprest. De la même façon, Christophe a réveillé l’âme des chevaux endormis par Bruno Putzulu.
    Kent que j’avais trouvé formidable sur Madame sans âme (Chez Leprest II) supporte difficilement la comparaison avec le duo initial Leprest-Galliano ou avec Mon côté punk sur « C’est peut-être ». A mon sens, l’orchestration trop riche fait perdre la force du texte. A l’inverse, les envolées de Daniel Lavoie D’Osaka à Tokyo sont admirablement portées par la musique.

    Par chance, l’orchestre a su se faire assez discret sur « Nu » en laissant une belle place au piano et à la voix déchirée d’Allain. Comme
    Amélie les crayons, Enzo Enzo offre une belle interprétation d’ »Arrose les fleurs » qui prend une portée particulière aujourd’hui.
    Bravo à Sanseverino qui parvient à sortir de l’anesthésie le SDF plongé dans son bain symphonique. C’est une belle prouesse que d’arriver à obtenir une version aussi percutante que celle de La Rue Ketanou (chez Leprest II).
    J’adore cette version de « Good bye Gagarine ». Je revois Allain racontant le repas du soir devant la soupe fumante, son frère et lui occupés à
    trier les pâtes en forme de lettres sur le bord de l’assiette et leur père qui soudain les emmène dehors et pointe le ciel en désignant Gagarine… La musique aux accents parfois célestes sert parfaitement cet au-revoir.
    Il ne pouvait y avoir meilleur final que cette belle valse avec Romain, le complice de toujours, aussi émouvante que celle dansée avec Fantine.

    PS: L’album « parol’ de manchot » Leprest-Lemonnier n’a pas eu droit à l’audience qu’il aurait méritée. Je le conseille à ceux qui l’auraient manqué…

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