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Les Delfes, duo d’anges vains (mais pas tant que ça)

les-delfes-des-paquerettesBon, la pochette au ton jaune pisseux n’évoque rien, ni en bien ni en mal. Lui, Marc, encravaté comme pour un jour de messe, à la guitare électrique ; elle, Delphine, en traditionnaliste, queue de cheval rousse et pull à col roulé, le clavier dans les bras. Les Delfes (duo à la scène comme à la ville) que ça se nomme. Même pas des elfes. Pas même angelots, non : désespérément angevins.

Vous posez le disque sur la platine, touche play. Dieu que c’est joli, bien foutu. C’est… comment dire ? Du folk, du gamin de cours d’école… Du collectage trad ? Etonnant, vraiment. Il y en a qui se mettent un nez rouge au milieu du visage pour se permettre des vérités qu’ils n’oseraient pas sans ça. Sous les puérils dehors d’une poésie audacieuse, délurée, eux nous balancent des évidences. Sur le chomâge, sur… Peu ou prou, les autres chansons sont du même tonneau. Sous un habillage kitch, ancien, le discours est on ne peut plus actuel. Ainsi Aïcha, qui, « Du haut de ta tour / Tu rêves d’amour / Aïcha / Tu n’as pas le choix / Tu rêves tout bas », nous parle de ces femmes, de ces filles qui n’ont d’autre choix que celui de se taire, d’obéir, de subir… Aïe ! Y’a du lourd chez les Delfes, du plus léger aussi. Ainsi cette (presque) déclaration d’amour à Johnny, le « que je t’aime » de la chanson, l’oasis de toute une vie, le paradis incarné. Et ces propos stupides qu’ils nous rendent en tous points délicieux : « – Est-ce que tu as vu le dernier Truffaut ? – Chez moi y’a que du Gamm vert, y’a pas de Truffaut (…) Tu vois, tu vois, même si tu vas comme moi à Ikéa / On ne se comprends pas / On n’y arrivera pas »

Journaleux et blogueux chercheront la formule chimique pour classer Les Delfes, la subdivision technique pour les ranger, les isoler, ne pas contaminer le reste. Car ils sont inclassables, si ce n’est qu’il y a en eux un peu des Rita Misouko (version acoustique of course), de leur posture, de leur folie. Un peu de Presque Oui, quand ils étaient deux, femme et homme. Un souffle venu des Wriggles et de Volo… Beaucoup de bon sens donc. Et rien de Stone et Charden.

On nous dit que la chanson subversive est celle rebelle, rockeuse, avec des gros muscles, du gros son, des formules à l’emporte-pièce et une bonne attachée de presse. Moi, en enfonçant la touche replay, j’ai comme dans l’idée que cette chanson est toute autre, aux aguets, tapie dans la tendresse de vers malicieux, drôles et fins. Et qu’à la fin du fin, elle explose de mille fleurs (des pâquerettes il va sans dire). L’humour nuit aux cons et, à ce titre, Les Delfes font très mal !

Les Delfes, Des pâquerettes, autoproduit (2013). Le site des Delfes, c’est ici. Image de prévisualisation YouTube

5 Réponses à Les Delfes, duo d’anges vains (mais pas tant que ça)

  1. Claude Fèvre/ Festiv'Art 15 mai 2013 à 11 h 40 min

    J’avoue, j’aime bien ce que cette vidéo nous donne à voir d’un concert …une chanson qui met à mal le couple, une mise en scène déjantée, quelque chose qui me rappelle Shoubi or not (duo bordelais ) ou les audaces de Claire Danlalune…même région, que les Delfes…

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  2. Les DElfes 15 mai 2013 à 15 h 37 min

    Merci mille fois, cher Michel Kemper, à vos oreilles ouvertes sur l’autoproduit !

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  3. chris Land 16 mai 2013 à 12 h 25 min

    On a programmé Delphine en janvier 1996 au Picardie ! Ayant « flairé » que la petite, à l’époque, possédait déjà une personnalité hors norme, inclassable, agaçante-séduisante-acidulée et surtout talentueuse…
    Ravi de voir que bien des marches ont été gravies, toujours avec la même flamme (le même feu) qu’initialement.

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  4. Les DElfes 20 mai 2013 à 13 h 10 min

    Oho! En 1996? Je sortais du milieu école théâtre et nous disions surtout du Jehan-Rictus en musique, mais merci de ces compliments . Les chansons auteur-interprète c’est venu après…Peut-être qqs petits essais déjà… Delphine

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  5. Cébo 5 juin 2013 à 18 h 18 min

    Rhô, ça a bien changé sur scène! Je les ai vus en… 2005 ptêt à un an près, en première partie de Loic Lantoine en région parisienne, et… ben j’en avais un mauvais souvenir j’avoue…. De Punky Bruter sous lsd toute affolée qui sautait partout en hurlant Paris c’est magique Paris c’est magique, pis chantant les grenouilles qui grenouillent… Point positif, ça m’a tellement marquée que je m’en rappelle encore! J’avais peur qu’elle me saute dessus la dame car j’étais au premier rang, je me faisais minuscule! J’aime bien ce que l’on voit sur la vidéo, évolution intéressante vais me pencher dessus!

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