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Oldelaf affole Liévin au 6° Son

Oldelaf au 6e Son (photo © Arc-en-ciel, Liévin)

Oldelaf au 6e Son (photo © Arc-en-ciel, Liévin)

Oldelaf, 18 octobre 2015, festival Le 6e Son, salle Allain-Leprest à Liévin,

 

Liévin, Pas-de-Calais… Une ancienne cité charbonnière qui a fièrement conservé quelques terrils et chevalets en mémoire de son passé et des victimes des coups de grisou. Elle a longtemps vécu dans l’ombre de sa grande voisine, Lens, dont elle alimentait en supporters l’équipe de football. Et puis, lorsque les Houillères ont fermé et que l’heure de la reconversion a sonné, dans ce bassin de population ouvrière, elle a eu l’audace de s’investir dans une politique culturelle hardie, dont le centre « Arc-en-Ciel » a été le pivot. Cinéma, théâtre, lectures, expositions, animations de toutes sortes pour grands et petits ont alors composé le programme annuel, sans oublier la chanson de qualité régulièrement à l’affiche de la petite salle attenante « Les Trois Pierrots » (rebaptisée plus récemment « Salle Allain-Leprest ») animée par Françoise Kucheida. C’est sous l’impulsion de cette dernière que fut lancé en 2001 (avec Jacques Higelin en tête d’affiche) un petit festival de chansons « Le 6° Son » qui depuis a lieu tous les ans en octobre. Certaines éditions furent plus amples, mais ces dernières années, il s’est resserré sur une fin de semaine et vient insérer une session « chanson » dans l’éclectique saison culturelle de la ville. Et puis, ayant compris que la relève du public se forme à l’école, quelques spectacles scolaires de grande qualité le précèdent dans des villes voisines. Il était temps que NosEnchanteurs s’intéresse à ce festival sympathique et obstiné, dont la soirée du samedi 17 proposait Dick Annegarn et la matinée du dimanche 18 Oldelaf avec le lensois Candide en première partie.

Ce dernier fut d’emblée une bonne surprise avec des chansons fort bien tournées : des idées, des références, de belles constructions, des capacités à ménager la chute et surtout des musiques toujours agréables, entraînantes, séduisant le public qui ne se fait pas prier pour les reprendre. Si on ajoute une belle voix et une présence naturelle, deux guitares et une petite percussion bien équilibrées avec le chant, on ne s’étonne pas du courant de sympathie qui s’est tout de suite développé avec les spectateurs. Candide, un candidat qu’on aura plaisir à revoir.

Oldelaf qui a rempli la salle sur son nom ne va pas décevoir : les gens sont venus pour s’amuser, il va leur proposer, selon ses propres termes une « animation » : les chansons choisies seront essentiellement extraites de ses trois derniers albums. On rira évidemment de cette Bérénice cachant une hygiène douteuse sous ses vêtements luxueux, de Nathalie, la fan des JMJ et des pèlerinages, de l’inoxydable Crépi ou de Danse au mariage de son ex… Mais au fil du concert, entre les cascades d’hilarités et de décibels, on trouvera des chansons qui dévoilent vite une vraie intimité, une déchirure de l’âme qui ne veut pas l’avouer, ainsi la tristesse de la plage de Courseulles-sur-Mer en novembre, les frustrations des rendez-vous d’adolescents qui ont Les mains froides ou le chagrin ravalé de celui qui voit sa femme partir pour La belle histoire d’amour avec un autre. C’est encore plus vrai quand ses musiciens désertent pour les besoins de L’animation et qu’il chante sans batterie La tristitude ou Quel joli dimanche, l’embryon d’histoire d’amour qui avorte au petit matin. Entretemps, les spectateurs auront bien ri aux sketches qui entrelardent les chansons, où à la vitesse de la mitraillette, et avec ses musiciens transformés en comédiens pour l’occasion, il prolonge jusqu’à l’absurde les situations saugrenues de conflits personnels ou d’inventions extravagantes. En bon bateleur, il aura mis le public dans sa poche, au point de lui faire passer une chanson très explicite contre la peine de mort, et en bis et sans amplis une diatribe sur notre société d’accumulation, Nos jours heureux.

Et ce public, à l’issue du spectacle, se pressera pour acheter des disques dans lesquels il pourra entendre distinctement, derrière la drôlerie et l’exagération, une mélancolie bien cachée et une inquiétude latente. Si l’humour d’Olivier Delafosse n’est pas toujours poids plume – et est assumé comme tel – il se justifie par l’amertume de son regard posé sur la société.  Comme la larme sous l’œil du clown.

 

Le site d’Oldelaf, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. Le site de Candide, c’est ici.

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