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Calogero, de mieux en mieux pendant

Calogero (photo Laurent Humbert)

Calogero (photo Laurent Humbert)

D’emblée, il fait très fort, le Calo ! Son nouvel album – le huitième déjà – s’ouvre en effet sur un titre majeur. C’était mieux après, contrepoint malicieux à la formule passéiste « c’était mieux avant ». Une incitation à faire preuve de courage et d’audace pour oser le renouveau. Avec de belles formules : « La peur est une sale habitude / Qui fait du pire une certitude / De tous nos projets des regrets ». Avec une musique rythmée à souhait, un beau crescendo, une orchestration riche et galvanisante. Avec ce chant clair et cette voix un peu brisée, reconnaissable immédiatement. De la chanson soignée et efficace. Avec du fond dans une forme enlevée. On en redemande.

Le reste du disque n’atteint peut-être pas ces hauteurs, mais le niveau reste élevé. Les jolies chansons s’enchaînent, alternant ballades intimistes et titres pop énergiques. A l’instar d’un Jean-Jacques Goldman, dont il se rapproche de plus en plus, Calogero maîtrise parfaitement l’art de la chanson populaire, consensuelle certes, mais qui a du cœur et respire la sincérité.

Au menu du jour : le chagrin d’après rupture (Mauvais perdant), les passions adolescentes qui se heurtent aux barrières sociales (Celui d’en bas), l’importance de l’instruction, porte essentielle pour un avenir meilleur (Stylo vert), les années qui s’écoulent, pour le pire et le meilleur (Le temps), le destin que l’on se construit (Peut-être), la griserie de la nuit (Centre-ville), l’amour qui s’éteint inexorablement (Titanic)… Autant de sujets intemporels, qui se frottent à d’autres titres aux thèmes plus actuels. Ainsi, La rumeur aborde les ragots qui se répandent comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux, tandis que Vidéo nous invite à quitter nos écrans omniprésents pour apprécier le monde en vrai. Enfin, On fait comme si, écrite en plein confinement, questionne cette période avec mélancolie et espoir mélangés.

Centre-Ville-Edition-LimiteeComme d’habitude, Calogero, compositeur de toutes les musiques et co-réalisateur du disque avec Valentin Montu, s’est appuyé pour les textes sur une série d’auteurs : Bruno Guglielmi, Marie Bastide, Inès Barbier, Pierre Riess. Les médias, célébrité oblige, pointent naturellement en priorité la participation pour deux titres de Benjamin Biolay. On nous permettra pourtant de préférer les chansons écrites par Paul Ecole, déjà auteur pour Calogero de l’émouvant Feux d’artifice. Il s’offre ici la part du lion (cinq morceaux sur les douze, incontestablement les plus réussis), démontrant que sa plume sensible et les mélodies imparables du chanteur sont des alliés rêvés.

Centre ville est l’album d’un artiste mature, sûr de son fait, maître de son art. Certes, il ne révolutionnera pas la chanson et la formule couplet-refrain reste hélas par trop présente. Pourtant, jamais Calogero n’y cherche le succès facile, le refrain à reprendre en chœur, le rythme simpliste pour frapper dans les mains… Il nous y fait part sobrement de ses préoccupations, de ses blessures, de ses craintes, avec dignité, en homme qui n’a pas oublié d’où il vient. Total respect.

 

Calogero, Centre ville, Universal 2020. Le site de Calogero, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

« Celui d’en bas » : Image de prévisualisation YouTube

« La rumeur » : Image de prévisualisation YouTube

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