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Contrebrassens : la continuité des lignes

Pauline Dupuy : Contrebrassens (photo Vincent Capraro)

Pauline Dupuy : Contrebrassens (photo Vincent Capraro)

« C’est à cause de la continuité des lignes que la femme est belle » (Georges Brassens)

 

Ce disque est énervant. Après avoir dit tout le bien (et plus encore) que nous pensions de Pauline Dupuy, notre Contrebrassens, nous aurions aimé cette fois y trouver une faille par laquelle s’engouffrer, un défaut, même petit, qui trahisse et sape l’ensemble, une pinaillerie qui puisse jeter un début de discrédit. Bernique ! Rien, tout est bon chez elle, y a rien  jeter. Certes, la perfection n’existant pas, on se gardera de dire que ce disque est parfait, mais… on n’en est pas loin ! Plus encore, ce nouvel opus a le don de se bonifier à chaque écoute : cessons donc de le poser sur la platine !

« Y a ces gamines de malheur / Ces goss’s qui, tout en suçant leur / Pouc’ de fillette / Se livrent au détournement / De majeur et, vénalement / Trouss’nt leur layette »

J’étais comme tout le monde, persuadé qu’une partie du répertoire du vieux ne pouvait, ou alors difficilement, et contre nature, être repris par une dame. Je parle des chansons de cul et de cocus, de macs, de fieffées maîtresses et patentées traîtresses. Malgré pléthore d’interprètes, peu de femmes finalement se sont attaquées au chanteur fumeur de pipe, et certainement pas à ces chansons-là. C’est là que nous arrive Contrebrassens. Ici, pas un mot n’a été corrigé, pas un vers remanié, abdiqué, pas une rime au rimmel dérimé, rien. Et des mots, ces groooos mots en cul de poule, qui s’ajustent à merveille dans la bouche de Pauline Dupuy, comme si cette omniprésente concupiscence était l’enfance de son art.

« Si seul’ment elle avait des formes / Je dirais : tout n’est pas perdu / Elle est moche, c’est entendu / Mais c’est Vénus, copie conforme / Malheureus’ment, c’est désolant / C’est le vrai squelette ambulant »

Trop tôt qu’il est pour en faire le bilan, on sait déjà que le 100e anniversaire de Brassens sera une réussite par aux moins deux disques : celui des inédits chantés par Yves Uzureau (juré ! on vous en parle bientôt) et par ces Pensées interlopes de Contrebrassens. C’est du trop beau pour être vrai mais ça l’est et il ne faut surtout pas s’en priver..

Trop tôt qu’il est pour en faire le bilan, on sait déjà que le 100e anniversaire de Brassens sera une réussite par au moins deux disques : celui des inédits chantés par Yves Uzureau (juré ! on vous en parle bientôt) et par ces Pensées interlopes de Contrebrassens. C’est du trop beau pour être vrai mais ça l’est et il ne faut surtout pas s’en priver.

Qu’en dit Dupuy ? « Avec humour et légèreté, tendresse et malice, nous avons choisi de célébrer Georges Brassens en rassemblant douze chansons autour d’un thème qui lui était cher : celui de l’adultère. Je me suis interrogée… Qui sont ces femmes sauvages, libres, chameaux ou jolies fleurs ? Qui sont ces Rombières de qualité, ces succubes, ces Pénélope ? Qu’y a-t-il en nous de tout cela ? J’aime l’idée que ce disque vienne susurrer des idées coquines aux oreilles de celles et ceux qui l’écoutent ! »

Par prudence, je laisse aux dames ces intéressantes introspections. Je serai plus à même d’ausculter la forme et la restitution. Ce disque nous réveille des chansons, presque nous les restaure comme on le ferait au musée du Louvre ou à la Cinémathèque. Et les éclaire d’une autre façon, sous d’autres angles, autres perspectives. Comme ce Si seulement elle était jolie (une des chansons posthumes chantées par Bertola), A l’ombre des maris ou Concurrence déloyale qui, plus encore par elle, deviennent d’incontournables chefs d’œuvre. 

Ceci dit, soyons juste : Pauline Dupuy n’est pas seule au générique de ce bijou, même si c’est elle qu’on applaudit. Nommons Michael Wookey, Franck Boyron et Baptiste Sarah, les probants et étonnants complices de cet estimable forfait. Parlant de bijou, parlons aussi de l’écrin, Alice Baillaud, auteure des dessins, croquis d’études et encres qui illustrent ce disque : que des feuilles défeuillées, des bulbes aux allures de vulves, du déjà affriolant pour, comment dire…  entrer en conversation !

Je sais, vous savez autant que moi, ce qu’il en est de Fernande et de Lulu. De la caisse de bois où il réside désormais, je suis persuadé que, quand il pense à Pauline, Brassens opine. Il branle du chef, applaudit de ses osselets. Qu’il eut aimé la rencontrer de son vivant, s’accorder ses faveurs même. Tout homme de goût le ferait et je crois bien que je vais me mettre à fumer la pipe, on ne sait jamais…

 

Contrebrassens, Pensées interlopes…, Sortie le 4 juin 2021 : précommande ici. Le site de Contrebrassens, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.

« Marinette » : Image de prévisualisation YouTube

teaser : Image de prévisualisation YouTube

2 Réponses à Contrebrassens : la continuité des lignes

  1. Eric Audibert 21 mai 2021 à 22 h 10 min

    Oui, elle est forte! Parmi les filles, j’aime aussi beaucoup le « Tío Brassens » de Christina Rosmini en 2018. Amitiés à vous Michel.

    Répondre
  2. Michel Kemper 22 mai 2021 à 12 h 54 min

    Tout à fait d’accord avec vous concernant Christina Rosmini. Que NosEnchanteurs suit avec constance. Vous retrouverez nos articles sur elle ici : http://www.nosenchanteurs.eu/index.php/tag/christina-rosmini/

    Répondre

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