Mèche : « Les chansons d’Anne Sylvestre sont devenues intemporelles »

Mèche (photo d’archive Nicolas Blanchard)

Entretien avec Clémence Chevreau, Mèche, petite fille d’Anne Sylvestre

Propos recueillis par Robert Migliorini pour NosEnchanteurs

-Vous êtes Clémence, la petite fille d’Anne Sylvestre, vous-même artiste sous le nom de scène de Mèche. Comment avez-vous vécu cette année 2021 qui a suivi le décès de votre grand-mère en 2020?

- Clémence (Mèche) : j’ai découvert et assumé peu à peu la responsabilité qui était désormais la mienne. Dans le sens où nous nous considérons avec ma mère et ma tante, les filles d’Anne Sylvestre, en charge de faire connaître et de garder vivant son répertoire. Responsables de le richesse d’un héritage culturel. Je me suis dit que le monde ne pourrait pas vivre sans ses chansons ! C’est d’autant plus évident que son public est fidèle et le manifeste et que ses chansons sont globalement intemporelles. De belles chansons construisent de belles personnes. Au terme de ces premiers mois nous constatons que son œuvre est sans cesse à redécouvrir. Comme en témoignent nombre de personnes étant rentrées en contact avec nous à ce sujet. J’ajouterai que le cinéma, dans deux films récents, s’intéresse aux chansons d’Anne Sylvestre pour leurs bandes sonores.

-Comment cela c’est-il traduit ? On peut parler d’un automne Anne Sylvestre ?

C’est une autre forme de reconnaissance pour Anne sylvestre qui se plaignait parfois de ne pas être assez connue du grand public et du milieu du show-business. Il nous a fallu apprendre un nouveau métier, celui de gardiennes et de promotrices et gestionnaires d’une œuvre. Tout d’abord en développant concrètement la société fondée à l’initiative d’Anne elle-même. BC Musique avec l’aide d’Idealrights a pour but de rassembler les œuvres d’Anne Sylvestre, en étant autonome et en restant en famille. Ce qui a été le choix d’Anne Sylvestre elle-même. Anne Sylvestre tout au long de son parcours veillait elle-même à tout ! J’en suis la directrice artistique. Un poste auquel ma mère grand m’avait en quelque sorte préparé ! Concrètement un premier recueil de 15 partitions vient de paraître, un deuxième va suivre. Nous avons également participé à la sortie d’un album (chez EPM) avec ses concerts à l’Olympia. Sans oublier dans cette première liste la série d’hommages et de concerts dont les deux plus récents à la Cigale à Paris (30 novembre, 1^er décembre), sous le titre : « Merci Anne Sylvestre » *. Nous avons beaucoup d’autres projets dont la sortie des quelques chansons inédites encore dans les tiroirs.

Anne Sylvestre (photo d’archive Vincent Capraro)

-Comment se sont préparés ces moments qualifiés déjà par beaucoup comme des moments de grâce ?

En famille (rire) avec ses deux filles! Nous nous sommes retrouvés et avons établi la longue liste des artistes proches d’Anne Sylvestre. Sans pouvoir inviter tout le monde sur scène ! En revanche ce sont les artistes qui ont choisi la chanson à interpréter. Notre souci a été de veiller à la bonne entente sur scène et dans une grande salle comme La Cigale. La consigne était simple et forte à la fois : être ensemble et dans l’amour ! Comme beaucoup j’ai le souvenir que ma grand-mère n’aimait pas trop les hommages officiels. Elle préférait la fête entre amis. Nous avons respecté cet état d’esprit.

-Vous avez eu la chance d’être familière d’Anne Sylvestre dans son activité d’écriture et de création. Qu’en retenez-vos ?

Je soulignerai sa rigueur. Je la voyais travailler et écrire ses chansons dans ses fameux grands cahiers à carreaux. Des textes toujours recopiés au propre avec exceptionnellement une flèche ou une autre indication de changement. Elle nous expliquait parfois ses idées d’arrangement musical. J’étais à l’écoute. Fière et impressionnée de cette proximité. J’ai beaucoup appris à son école. Je m’en rends compte depuis que je suis chanteuse moi-même. Je l’ai aussi bien observée lors des ateliers d’écriture dits clandestins, chez elle à Paris, où elle nous réunissait le dimanche avec quatre autres artistes. Nous avons assisté à la naissance d’une de ses dernières chansons « Avec toi le déluge ». De ces ateliers nous en avons fait un spectacle « Anne Sylvestre, clandestin »  qui vient d’être joué dans l’Hérault à Castelnau- Le- Lez, dans la salle Le Kiasma.

--Une passion pour ses chansons née très jeune ?

J’aime dire que déjà dans le ventre de ma mère, Philomène, j’ai écouté du Anne Sylvestre. Ensuite durant plusieurs années avant de partir au collège je recopiais ses textes alors que je connaissais déjà ses chansons par cœur. J’aimais bien me lever tôt pour honorer ce rituel. A la maison on écoutait beaucoup son répertoire ! J’ai mis quand même un certain temps ensuite à bien saisir tout le sens des textes. Maintenant que ma grand-mère n’est plus là je vais chanter d’autres chansons d’elle dans mes propres spectacles. Je vais reprendre l’écriture de mon prochain album forte de cette première période de transmission. Sans oublier qu’elle a beaucoup compté dans mon parcours artistique. De l’école de musique de mon enfance en Bourgogne au moment où elle m’a demandé de travailler à ses côtés dans ses spectacles. C’est un peu comme si tout cela avait été prévu de longue date ! Qui sait ?
- Robert MIGLIORINI

La page facebook de Mèche, c’est ici.  Ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, là. 
Le site d’Anne Sylvestre, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, là. 

*Nous reviendrons bientôt sur les concerts en hommage à Anne Sylvestre qui ont lieu en ce moment. 
À La Cigale, par Patrick Engel.

Le Hall de la Chanson rend hommage à Anne Sylvestre à travers son spectacle musical « Les Eaux sauvages » du 26 novembre au 19 décembre (les vendredis et dimanches).

« Avec toi le déluge » au Studio Ferber