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Francesca Solleville « Camarade Chili »

SOLLEVILLE 1974 Francesca  Le visage de l'hommeCamarades chantiers, camarades labours,
J’ai le cœur écrasé de misère et d’amour,
Et je cherche les mots de la douleur à dire.
Camarades marins, camarades mineurs,
Des larmes sur tes joues, camarade pudeur,
Et nous aurions la honte presque de le dire :
Ils ont osé tuer Salvador Allende !
Camarade soleil, camarade Chili,
Nous aurons des voix d’hommes et des ventres durcis.
Quand les radios complices installent le silence,
Mon frère vertical, camarade vivant,
Ils te veulent muet, ils te veulent couchant
Les donneurs de leçon lessivent leurs consciences
Ils ont osé toucher à Luis Corvalàn
Ils ont osé tirer camarade chanson,

Ils ont tué celui qui parlait bel et bon,
Leurs bottes ont le fumet des fauves d’occident.
Ils ont enfin tué camarade poète.
Ils ont le mufle court et le front de la bête.
Quand tu trembles de l’homme ils te cassent les dents.
Ils ont osé toucher à Pablo Neruda !
Les valets vont disant que le peuple s’est tu.
Camarade traqué, camarade têtu.
Les avions dans ton ciel et les chars dans tes rues.
Mais tu sais les mots clairs, camarade attentif, les mots contre la houle, les vérités récifs,
Je sais que tu n’as pas devant eux les mains nues.
Ils ont osé toucher au peuple du soleil ! 

Francesca Solleville

Paroles et Musique Jean-Max Brua. Extrait de l’album « Le visage de l’homme » 1974

Jean-Max Brua, l’un des membres de la Bande des cinq (avec Jacques Bertin, Gilles Elbaz, Jean-Luc Juvin et Jean Vasca), auteur de chansons politiques et poétiques (poélitiques dirait Rem Gary)  l’a lui-même enregistrée dans son album « La trêve de l’aube », 1976. Jean-Paul Hes (Jipé Hes) en donne également une très belle interprétation en 1987. 

Il y a cinquante ans, le 11 septembre 1973, le président chilien Salvador Allende était renversé par un coup d’état militaire avec à sa tête Augusto Pinochet, et en sous-main la CIA. Victor Jara, chanteur et auteur compositeur guitariste et homme de théâtre, auquel Brua dédie Jara dans le même album, meurt supplicié vers le 15 septembre. Le poète Pablo Neruda décède le 23 septembre, peut-être empoisonné. Seul Luis Corvalàn, secrétaire du Parti Communiste en exil en URSS pendant la dictature Pinochet, échangé contre l’écrivain dissident Boukovski, survivra. 

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