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FédéChansons 2014 [1/2] : jolies vitrines d’une chanson plurielle

Tibert (photo Athos99)

Tibert (photo Athos99)

Festival FédéChansons, 18 novembre, Scène du Canal à Paris,

 

Trente et un festivals de chanson francophone se sont unis en une fédération ; la FédéChansons. Qui une fois par an tient conclave et profite de l’occasion pour organiser un « festival », en fait une suite de shows cases, de « vitrines » comme on dit plus agréablement au Québec. Les artistes sélectionnés se produisent dans l’espoir d’être remarqués par des organisateurs. Pardi ! Il y en a plein la salle.

Retour sur cet événement annuel en deux épisodes (le suivant, demain ; nous n’avons pu assister à la troisième soirée). Première à la Scène du Canal, à deux pas du pont immortalisé par Arletty, Jouvet et leur « gueule d’atmosphère ».

VladSeul en scène, de noir vêtu si ce n’est sa cravate de cuir blanc. Être le premier, essuyer les plâtres, accueillir en chantant le public qui petit à petit arrive n’est pas chose aisée. Il faut donc se faire remarquer. Par bonheur, Vlad sait le faire : c’est même son job d’immense provocateur. Là où certains prennent leur pied, lui prend le contrepied avec sa guitare électrique et son orchestre imaginaire, dans un « one-man-show-rock-punk-radical-d’extrême-centre » comme il dit, où être écolo ou féministe vous expose dangereusement. Prendre au pied de la lettre le populisme et la médiocrité pour en faire des chansons à prendre dans l’autre sens, ça peut surprendre et faire grincer des dent, surtout si on ne comprend pas ce degré de l’humour. Ça fera penser un peu à Didier Super… En tous cas c’est pas du sans plomb. Le site de Vlad, c’est ici.

hqdefaultChangement total de registre avec Damien Delisle, singulier auteur compositeur interprète dont chaque chanson est une mise en scène très théâtralisée de l’intérieur. « J’attends le train pour rejoindre ma belle / Quel entrain ! » Enterrement du lundi matin ou orgie chez la comtesse, chaque fois vous entrez dans un monde différent, une histoire, un milieu social, un décor, une dramaturgie, des paysages et des gens, comme un court-métrage. C’est étonnant, inédit, baroque, cinoche. On ne savait plus que la chanson était capable de faire ça, sur l’écran noir de ses nuits blanches. Sûr que le scénar de ses futurs clips est déjà écrit : il est dans l’adn de ses chansons. Il y a en Delisle une classe certaine dont il devrait sans doute jouer plus encore, admirablement servi qu’il est par son pianiste (Philippe Rak) et sa violoniste (Marwen Kammarti). On se dit que la marge de progression de cet artiste est énorme et que nous avons là l’indéniable graine d’un qui comptera dans peu de temps dans la chanson. Tout est en place, il suffit de presque rien… La page de Damien Delisle, c’est là

10421383_10152479571723309_7663921815157434156_nElle, Mathilde Forget, à la guitare, parfois au piano. Avec son contrebassiste, Raphaël Treiner, parfois aux machines. Elle et une poésie rock toute en finesse, en dentelles. Des phrases qui sont autant d’émotions, de promesses, qui s’étirent lentement, langoureusement : « Sur la route de nuit / Vois-tu les splendeurs qui s’annoncent ? » Dans l’obscurité, les fumées de scène, la mèche rebelle, nous attendrons longtemps avant d’entrevoir son visage, elle si mystérieuse, si réservée. Par elle « des orages grondent, des anges passent, des sentiments amoureux s’installent. » Voix envoutante, frêle et séduisante, amour feutré, c’est une pop aérienne, presque symphonique dans l’esprit. Il y a en elle un peu beaucoup de ce qu’on apprécie chez la québécoise Salomé Leclerc. Mathilde Forget sort ces jours-ci son nouvel ep, Le sentiment et les forêts : du coup, nous sommes déjà impatients de l’écouter. Le site de Mathilde Forget, c’est là.

Entracte. Repas, échanges, conciliabules. Et précipitation. Trop de monde sans doute et le tenancier du coin de la rue ne peut assurer en temps. On loupe le début de la seconde partie. Le crime : c’est Balmino dont on nous prive !

stephane-balmino-2-S’il est un artiste attendu, c’est bien lui : voici le retour du lyonnais, ancien chanteur de Khaban qui, après une période solo s’est essayé à d’autres projets (dont Broc, dont nous vous avons parlé) avant de disparaître un temps de nos radars. Qui a déjà entendu Balmino ne peut que l’aimer, farouchement. Deux guitares, une contrebasse : il ne se la joue pas, tous trois jouent en toute simplicité dans l’épure de leur art, nature et complice, où les notes sont socles d’amitié. Le créateur de Manon ou de Je regarde les hommes tomber ne nous revient pas les mains vides, mais avec de nouveaux titres tous aussi délectables : que voulez-vous, il a l’art et la manière, le phrasé, l’émotion consubstantielle à son timbre de voix. Superbe set, bien sûr, sans autre prétention que le talent. A coup sûr, on retrouvera Balmino dans nos festivals prochainement ou c’est à désespérer. Le site de Balmino, c’est ici.

77321-simon-nwambeben-14122010-1557Difficile de parler du camerounais Simon Nwambeben, sinon qu’il ne peut que nous stupéfier par sa voix, son chant, sa présence. Laissons parler son biographe : « Le Bitibak de Simon Nwambeben, c’est surtout un jeu de guitare très particulier qui n’appartient qu’à lui, irrigué par les rythmes Bantous d’Afrique. Son style est un mélange subtil de sonorités musicales et linguistiques Bafia et de sonorités du monde. Le rythme des chansons de Simon Nwambeben est celui que l’on peut retrouver chez tous les bantous dans la partie méridionale du continent africain. Mais Simon Nwambeben l’explore avec cette façon particulière qui n’appartient qu’aux habitants de Bafia dans la province du Mbam et Inoubou. » Nwambeben est sur scène avec un violoncelliste, Erwan Martinerie, qui non prolonge son chant mais en procure comme une traduction, une autre proposition sonore. C’est en tous points étonnant, c’est réjouissant. Le site de Simon Nwambeben, c’est ici.

Dernier à se produire sur cette scène du Canal, le stéphanois Tibert (photo ci-dessus), par ailleurs impliqué dans ce rassemblement de FédéChanson, étant lui-même directeur artistique d’un des festivals adhérents : celui des Oreilles en pointe. Très belle équipe scénique pour un folk-rock enlevé (contrebasse, violon, batterie, guitares), dont la plupart des titres sont extraits de son récent album, digressions sur le thème de l’amour (« Je vais écrire une chanson pour toi / Toi que je ne connais pas encore… »), décortiquant même le corps féminin : « Tous ces bouts de toi / Ces bouts de toi à moi… » L’intérêt premier reste cependant dans la musique en ce set impeccable qui nous donne envie d’entendre plus grand. La touche de l’auteur Tibert est à chercher dans un titre tiré de plus loin, d’un précédent album, Quoi qu’il advienne, autre histoire d’amour, cette fois-ci envers le peuple acadien : « Quoi qu’il arrive,  quoi qu’il advienne / Garde ta langue sur la mienne. » Rien que cette chanson vous accompagne longtemps après la soirée. Indispensable. Le site de Tibert, c’est ici.

 

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4 Réponses à FédéChansons 2014 [1/2] : jolies vitrines d’une chanson plurielle

  1. Patrick Engel 26 novembre 2014 à 13 h 13 min

    Mmm, voilà qui donne bien des regrets de n’avoir pu assister à cette belle soirée. A noter, pour y avoir été pas plus tard qu’hier soir pour Eskelina/Liz van Deuq, que la salle vient tout juste d’être refaite, avec rangées de fauteuils + petites tables façons cabaret + petit bar (toutes conso à 2 euros, qui dit mieux pour une salle parisienne), ce qui rend l’endroit bien plus accueillant et convivial qu’il n’a pu l’être par le passé…

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    • Michel Kemper 26 novembre 2014 à 13 h 20 min

      La deuxième soirée au Centre Barbara de la Goutte d’Or, aussi passionnante, plus même, mais aux consommations nettement plus chères, fera l’objet de notre article de demain (eh, oui, nous avons accumulé du retard…). Et pas la troisième, hélas, la FédéChansons nous le pardonnera.

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  2. Danièle Sala 26 novembre 2014 à 16 h 59 min

    Une vitrine où il fait bon s’attarder, et se laisser surprendre par toutes ces découvertes , une belle diversité de jeunes talents très réjouissante .

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  3. catherine Laugier 26 novembre 2014 à 21 h 23 min

    Encore 6 chanteurs-teuse dont certains déjà repérés dans vos pages que j’aurai plaisir à aller écouter s’ils passent par mon lointain midi…

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