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Guillemot et la Folle de Bassan : carré blanc in(can)décent

Guillemot et la Folle de Bassan (photo de presse non créditée)

Guillemot et la Folle de Bassan (photo de presse non créditée)

« Et dis-moi la manière comment il faut aimer / Faut aller voir la fille faut l’aller voir souvent / Et lui dire la belle je serai votre amant ». Vous connaissez cette chanson, Rossignolet du bois, ne serait-ce que par Malicorne, titre enregistré sur le mythique Pierre de Grenoble. Voici cette chanson donnant le ton du premier album de Guillemot et la Folle de Bassan, album justement intitulé Le Carré blanc : vous comprendrez vite pourquoi.

La « Folle de Bassan » ? En fait Emilie Laclais, chanteuse et accordéoniste bretonne. Quant à Guillemot, c’est le belge Guillaume Duthoit (ancien du groupe chanson et trad Coïncidence, puis du groupe électro-pop Thibor) que les Wallons ont pu découvrir par un CD, Je vole sous l’eau, vendu alors dans un coffret contenant aussi celui de notre ami Guillaume Ledent, Marcher sur les murets.

Guillemot et la Folle de Bassan font répertoire commun dans ce disque très teinté trad, malicornéen à souhait et coquin dans l’esprit comme dans les mots.

C’est ici la séduction, plus encore le désir, qui prédominent. Au désir de l’autre s’adjoint un étrange désir culinaire. C’est d’abord Bain d’épices où l’objet de la convoitise prend toutes les saveurs, de l’huile d’olivier au safran, du poivre à la coriandre… Puis fait place à un appétit carnassier où les amants se mangent, et pas que des yeux, amours cannibales, bien saignants.

67950819_2632456730118687_5519439863381753856_nComme dans Rossignolet du bois, on devine, on suppute la double lecture, le triple sens des mots et des formules, la malice de vers en apparence anodins. Guillemot et la Folle de Bassan renouent avec cet art complexe tombé en désuétude maintenant que les chanteurs (particulièrement les chanteuses) chantent frontalement (et effrontément) leur sexualité, leurs fantasmes. Ici, la magie de mots réversibles (les paroles sont pour la plupart de Guillaume Duthoit) tend un voile plus érotique encore qui renoue, un peu, avec le délicieux interdit, ce fameux carré blanc d’antan : « Ta langue-feuille en mai / Se fait menthe parfumée / Ton haleine en juin / A la fraîcheur du cumin / Juillet : tes lèvres sont / Cannelle en petits bâtons / Tes dent blanches au mois d’août / Se changent en noix de cajou… » Même le dessin de Gullygurdy qui orne la pochette est fait de cette ambiguïté, l’œil du fou (de la folle, sans doute) de Bassan surveille du coin de l’oeil ce qui semble être bien un spermatozoïde.

Ce dans la douceur d’une musique presque sans âge, à l’abri de toutes modes, de toute obsolescence, qui peut parfois nous faire songer au Michel Hindenoch d’Au pays de Lérida, que je tiens pour pur bijou de l’âge folk.

Ce CD n’est disponible qu’en Belgique. Pas de sortie prévue pour l’Hexagone. Qu’importe, on peut le commander sur le net, à cette adresse, ne vous en privez pas !

 

Guillemot et la Folle de Bassan, Le carré blanc (chansons sur le désir), autoproduit 2019. Le facebook de Guillemot et la Folle de Bassan, c’est ici. Image de prévisualisation YouTube

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