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La chanson française de 1980 à nos jours

Stéphane Hir (photo DR)

Stéphane Hirschi (photo DR)

Il y avait longtemps qu’on n’avait pas fait l’état des lieux sur le sujet. Stéphane Hirschi, universitaire et fondateur du festival Le Quesnoy en Chanteur(s), ne pouvait que mettre son érudition au service d’une tâche d’intérêt public, pour tous ceux qui s’intéressent à la chanson. Les sous-titres nous guident déjà : de Goldman à Stromae, pour l’inventaire, entre vinyle et MP3, pour la révolution technique.

Ceux qui attendent un catalogue seront peut-être déçus. Cet ouvrage n’a pas pour but d’étaler un panorama survolé mais plutôt de pénétrer dans la vie de la chanson, au travers de ses représentants les plus caractéristiques, pour en mesurer l’évolution phénoménale en une trentaine d’année.

Les derniers 33 tours sont produits en 1991, remplacés depuis quelque temps par le CD, puis le DVD et enfin le support « dématérialisé » en MP3. Ces bouleversements techniques, associés à la mondialisation dont se repaissent l’industrie phonographique et le show-business, modifient nettement le paysage de la chanson française, sinon son identité et sa vitalité, au moins sa forme et son apparence.

HirschiStéphane Hirschi définit préalablement le cadre de son étude. Le terme de chanson française est bien dégagé des concepts mercantiles de variété ou musiques actuelles et ouvert à l’expression francophone sans drapeau ni frontière. Il distingue cinq périodes où se répartissent ceux qui « chantent encore » en 1980, les Trenet, Ferré, Barbara, Nougaro et autres survivants de l’âge d’or des années soixante ; les chanteurs confirmés, classiques, rockers ou en métamorphose, comme Le Forestier, Manset, Chamfort ; la génération Chorus, de Goldman à Leprest ; le métissage musical des Daho, Rita Mitsouko, Zebda par exemple ; enfin la dernière vague « sans boussole » (Bénabar, Biolay, Olivia Ruiz, Jeanne Cherhal…), confrontée à la fragilité du système, sachant cependant trouver de nouvelles ressources, dans la diversité, pour éclore… Chaque cas est analysé pour ses choix musicaux, ses caractéristiques, son parcours et sa place dans le siècle.

Plus qu’un guide, avec ses repères et ses portraits, ce livre est une approche pointue des mutations que la chanson a opérées en une trentaine d’années, afin de mieux en comprendre à la fois les tournants et les fondamentaux, qui sont ceux de notre société entraînée dans un mouvement accéléré.

Stéphane Hirschi, inventeur du concept de « cantologie » (qu’il développe dans un ouvrage précédent, Chansons : l’art de fixer l’air du temps), signe un livre d’une grande clarté et d’une belle écriture, sans jargon universitaire, indispensable à qui veut comprendre le phénomène chanson aujourd’hui.

 

Stéphane Hirschi, La chanson française depuis 1980 – de Goldman à Stromae, entre vinyles et MP3, Paris, Les Belles Lettres / PUV, « Cantologie », 2016, 330 p., 25€ ; à lire également : Chanson, l’art de fixer l’air du temps – de Béranger à Mano Solo, Paris, Les Belles Lettres/ PUV, « Cantologie », 2008, 298 p. La page de Stéphane Hirschi sur le site de l’Université de Valenciennes, c’est ici.

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