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Dalele, l’élégance faite chansons

Armand Boisard, Dalele et Rolland Martinez (photo Jacob Redman tirée du site de Dalele)

Armand Boisard, Dalele et Rolland Martinez (photo Jacob Redman tirée du site de Dalele)

Troisième disque (après les autoproduits Café Quincaille de 2012 et Réussir ses échecs amoureux de 2017), troisième spectacle : Dalele, fildefériste du verbe, sort son Sans fil qui vous va droit aux oreilles. « elle nous invite dans son petit monde tissé des mille fils de la vie, de cette vie dont on ne veut pas perdre le fil, alors que nos vivons déjà dans un monde sans fil… » nous dit l’argumentaire de son site.

Sans fil, c’est aussi pour constater des chansons sans liens, sans attaches les unes aux autres. Qui toutes explorent avec soin un périmètre, une histoire, une émotion. Avec les mots pour le dire. Des qui sondent notre intérieur, notre intime. Et des qui, au contraire, sont tournés vers les autres. Chaque fois de belles constructions, envisagées sous des angles originaux : du pas déjà vu, pas déjà chanté. Comme cette Mélancolie qu’on tente de chasser comme on le ferait d’une indésirable maîtresse, d’une muse inopportune : « Je ne veux plus que tu te ramènes / Avec tes galères et tes peines ». Du grave, oui, de l’insouciant et du futile aussi, pour Dalele qui « veut [se] marrer pour des petits riens / Sauter dans les flaques / Chanter danser jusqu’au petit matin ». L’amour est filigrane qu’on ira chercher là où il réside. Dans cet échec qui se mue en succès, en respect : « Séparons-nous ensemble / D’un commun désaccord » ; auprès de ses enfants : « Parfois je me sens si solide / Juste parce que vous êtes là / Et puis d’un coup si liquide / Quand je vous serre dans mes bras ». Superbe !

Dalele_sans_FilSi Dalele signe avec élégance la plupart de ses textes, elle laisse parfois la main à d’autres : Fabrice Guerin, Michèle Muhlemann ou Philippe Sizaire. Ce dernier nous gratifie de deux textes peu communs : l’un sur une femme de lettre qui a « honte et bien l’honneur/ d’avoir eu plus de mille enfants / mais pas un pour lui dire maman »  (en vidéo ci-dessous) ; l’autre qui, avec distance et choisissant ses mots, nous parle de la situation politique actuelle : « C’est l’tango / Qui en causant la novlangue / Vole dans l’œuf / La liberté / Le bœuf sera bien gardé ». Quelque soit l’auteur, le soin de l’écriture prime : ce n’est pas le moindre atout de cet album. Musicalement, Dalele, au timbre de voix très expressif, et ses musiciens (dont ses complices Armand Boisard et Rolland Martinez) explorent des pistes colorées aux accents d’Amérique latine ou tziganes, parfois teintées et tentées par le jazz, l’accordéon, l’argentin (pour le tango, c’est normal) ou (plus surprenant) le disco, qui surajoutent à la chaleur des textes et participent intelligemment à l’ossature de la narration.

A l’écoute de Dalele sur disque, vous prend l’irrépressible envie d’aller la voir en scène. Parce que son art est bien fichu, textes et musiques de belle tenue, et parce qu’on sent qu’on peut encore en attendre plus, que le disque n’est que le support d’un talent, d’une énergie qui appellent le partage. Encore une artiste à fortement suggérer aux organisateurs dont la programmation parfois tourne en rond.

 

Dalele, Sans fil, Music’Al Sol/[Pias] 2019. Le site de Dalele, c’est ici.

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