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Mouhet 2023. Karimouche et Capucine, quelles affaires !

 

Karimouche (photo Didier Kovacs)

Karimouche (photo Didier Kovacs)

27 mai 2023, Festiv’en Marche, Grange Fernand-Maillaud à Mouhet,

 

« Il faudrait rester cool, cool, alors qu’on coule, coule / Apocalypse now, et wesh wesh c’est la dèche, on continue le show, on fait brûler la mèche ! »

Non, je ne changerai pas : j’aime Karimouche et pis voilà. Mais force est d’avouer que, de ce concert nouvelle formule, duo voix/electro-scratch, je n’ai pas compris grand-chose et ne suis pas le seul. Que le flow de la chanteuse bouffe pas mal de mots, ça nous le savions. Mais le sound-system de son musico avale le reste, ne nous laissant que quelques miettes audibles à envisager à la manière d’archéologues reconstituant un corps, une vie, à partir de deux trois bouts d’os.

Ça n’enlève rien au talent de notre artiste belle et rebelle, et à sa voix (oooh, sa voix tonitruante, tourneboulante, et ce qu’elle sait en faire !) mais réduit considérablement la portée du propos. C’est embêtant. Il est prudent parfois d’avoir chez soi les CD concernés et d’en apprendre par cœur les paroles : désolé, on n’y pense pas toujours.

Ceci dit, reste l’idée, l’intention, ses « mots de rien du tout », ses « mots démodés », les résolutions magnifiées de cette voix entre toute envoûtante, suggestive, qui vont de tendresse à pure rage. Et quelques titres que, pour les avoir déjà entendu, apprécié, en scène ou sur disque, je retrouve avec un même plaisir : Le Petit Kawa tiré de son premier album, le récent et résolu Buňul qu’elle chante avec panache comme un Gavroche sur sa barricade… On aime la façon, cousue de reproches, dont elle interpelle Marianne, celle des liberté-égalité-fraternité : « J’avais l’carton d’invitation pour ta kermesse / Pourquoi tu m’as pas laissé rentrer ? » Elle a beau chanter Le Petit tourbillon, Karimouche est un incroyable tsunami qui vous noie dans ses flows. Si « Sous les pavés il y a la rage », sur scène il y a Carima qui fait mouche, une princesse comme c’est rare, une classe remarquable.

Malgré mon ouïe rudement mise à mal (ça me serait rédhibitoire en temps normal), j’ai savouré, comme pas mal de monde je crois, cette prestation comme un moment singulier, un temps suspendu, un charme indéfinissable où celui de la chanteuse n’est pas pour rien, où les effluves arabisantes de notre Berbère charentaise en talent aiguille font le reste : ça tournoie encore dans ma tête, c’est dire.

 

L'Affaire Capucine

L’Affaire Capucine (photo Nadine Le Roscouet)

On en fait toute une affaire de cette Capucine, mais l’énigme est résolue, dévoilée car vue et entendue : il s’agit là de la prestation d’une chanteuse d’énergie et de caractère, de rêveries aussi, Aurélie Laurence, et de son dévoué orchestre (Camille Gueirard au violoncelle, Franck Dunas au clavier, Damien Jameau à la basse et Romain Levêque à la batterie). C’est bien plus cette impression que nous donne L’Affaire Capucine que celle d’un groupe. Ne chipotons pas, c’est du bon, mais pour le coup dans un set hélas trop court, étriqué car en « première partie », qui forcément nous laisse un peu sur la faim quand on aurait aimé en connaître la fin, le fond de l’Affaire. Effectivement nous aurions bien suivi cette Aurélie au pays des merveilles dans son monde fait de métamorphoses : sûr que nous y aurions croisé un chapelier fou et un lapin de mars à la croisée de ses chansons. Un tel répertoire, taillé dans le bizarre, l’onirique, est finalement rare dans la chanson, souvent bien trop sérieuse : Aurélie et ses copains y apportent cette autre dimension qui doit autant au rêve qu’à la fantasmagorie. Et cette p’tite folie qui sans cesse anime Aurélie, particulièrement quand elle veut « embellir la vie », « réveiller les rues » et fanfare : « Chantez criez dansez / tout est possible si vous voulez / et n’oubliez pas de rêver » (pas de place pour danser dans cette grange surpeuplée : dommage, seuls nos pieds immobiles imaginent d’improbables chorégraphies). Y manque sans doute le décor qui devrait aller avec, féerique il va sans dire, avec plein de couleurs et des constellations d’étoiles. Mais, les yeux mi-clos, le spectateur complète facilement le tableau s’il suit bien les déambulations d’une artiste qui sans mal vous conduit au cœur de ses chansons, de ses fables et fantaisies, de ses résolutions.

 

Le site de Karimouche, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là

Le site de L’Affaire Capucine, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de cette formation, c’est là.

 

L’Affaire Capucine « Je me reconstitue » : Image de prévisualisation YouTube

Karimouche « Apocalypse now » : Image de prévisualisation YouTube

 

Une réponse à Mouhet 2023. Karimouche et Capucine, quelles affaires !

  1. Aurélie Laurence 14 juin 2023 à 19 h 12 min

    Merci pour ces jolis mots. Le soleil apporte avec lui de nouvelles mélodies qui viendront prochainement nourrir un album. Au plaisir de te recroiser pour un concert « complet », avec le décor qui va avec ☺️

    Répondre

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